1. Contexte géologique général
Du point de vue géologique, le bassin du Sebou se divise en quatre zones structurales différentes :
- L’Ouergha en amont du barrage Al Wahda : constitué essentiellement par des terrains argilo-marneux imperméables du Crétacé ;
- Les bassins du Gharb et du Saïss et le couloir de Fès-Taza (contenus entre les chaînes du Pré-Rif et du Moyen Atlas) à remplissage essentiellement tertiaire et quaternaire perméable. Les deux dernières unités renferment également des formations calcaires du Lias,
- Le Beht est constitué par des formations permo-triasiques et primaires imperméables,
- Le Haut Sebou, qui fait partie du domaine atlasique, essentiellement constitué par les calcaires jurassiques perméables.
Carte géologique du bassin du Sebou
2. Contexte hydrogéologique général
Le bassin du Sebou fait partie des bassins les plus riches en eau souterraine du Maroc. Ses ressources en eau souterraines exploitables sont évaluées à environ 1.11 Milliards de m3/an (soit environ 28 % du potentiel exploitable global en eau souterraine du Maroc). Elles sont contenues dans plusieurs nappes, dont les plus importantes sont :
- La nappe du Moyen Atlas plissé ;
- Les nappes du Causse du Moyen Atlas (basaltes quaternaires et calcaires et dolomies du Lias);
- Les nappes du bassin du Fès-Meknès (phréatique et profonde) ;
- Les nappes du couloir de Fès-Taza (phréatique et profonde) ;
- La nappe de Dradère-Souière ;
- La nappe de la Maâmora ;
- La nappe du Gharb ;
- La nappe de Bou Agba ;
- La nappe de Khemisset-Tiflet
L’ensemble de ces nappes d’eau souterraine sont sollicitées pour satisfaire les besoins en eau aussi bien pour l’eau potable, les besoins industriels, que pour l’irrigation. Elles sont soumises à des pressions de plus en plus importantes en raison de la récurrence des années de sécheresse d’une part, et au développement socioéconomique notamment l’agriculture irriguée d’autre part.
La quasi-totalité des nappes du bassin du Sebou ont ainsi un bilan déficitaire à l’exception des aquifères liasiques du bassin de Moyen Atlas Tabulaire et Plissé dont le bilan reste équilibré. Ce déficit varie entre 2.4 Mm3/an (pour la nappe phréatique de Bou-Agba) et environ 137 Mm3/an pour le système aquifère de Fès-Meknès. Le déficit global des bilans des nappes du bassin du Sebou s’élève à 268.3 Mm3/an.
Tableau 3: Bilans des nappes d'eau souterraines du bassin du Sebou (2018)
COMPLEXE DE NAPPE | NAPPE | NATURE | POTENTIEL EN EAU SOUTERRAINE (Mm3/an) | ||
Ressources Exploitables | Ressources mobilisées | Bilan | |||
MOYEN ATLAS PLISSE | Moyen Atlas Plissé | Karstique | 17.9 | 17.9 | 0.0 |
MOYEN ATLAS TABULAIRE |
Moyen Atlas Tabulaire (Causse) | Karstique | 99.3 | 99.2 | 0.1 |
BASALTES QUATERNAIRES DE TIGRIGRA | Basaltes quaternaires | Fissuré | 13.7 | 17.7 | -4.0 |
CAUSSES D'AGOURAI | Causse d’Agourai | Fissuré | 13.4 | 16.0 | -2.6 |
SYSTEME AQUIFERE DE FES-MEKNES | Système aquifère de Fès-Meknès | Phréatique et Profonde | 407.6 | 544.5 | -136.9 |
COULOIR FES - TAZA | Couloir Fès – Taza | Karstique | 24.0 | 34.2 | -10.2 |
TAZA | Taza | Karstique | 0.6 | 8.4 | -7.8 |
KHEMISSET-TIFLET | Khemisset-Tiflet superficielle | Phréatique | 18.9 | 40.5 | -21.6 |
MAAMORA | Maamora | Phréatique | 66.1 | 78.7 | -12.6 |
GHARB | Gharb | Profonde | 168.2 | 202.5 | -34.3 |
MNASRA | Mnasra | Phréatique | 196.0 | 219.6 | -23.6 |
DRADERE - SOUEÏRE | Dradère – Souieïre | Phréatique | 82.2 | 94.5 | -12.3 |
BOU AGBA | Bou Agba | Phréatique | 2.4 | 4.8 | -2.4 |
TOTAL DES NAPPES DU BASSIN DU SEBOU | 1110.2 | 1378.5 |
-268.3 |
Figure 10 : Bilans des différentes nappes du bassin du Sebou (Mm3/an)
D’après les bilans des nappes, la quasi-totalité des nappes sont en surexploitation, à l’exception des nappes du moyen atlas plissé et tabulaire qui sont en équilibre. Le cas de la nappe Fès-Meknès est particulièrement préoccupant pour de multiples raisons. En effet, cette nappe qui subit aujourd’hui une pression sans précédent résultant de l’engouement des investisseurs dans le secteur agricole, constitue la source principale pour l’AEPIT des principales villes (Fès, Meknès, …) et de la population rurale. Aussi, la surexploitation de cette nappe a des répercussions sur l’équilibre environnemental à cause de la diminution des débits voire le tarissement des sources et l’assèchement des oueds.
D’autre part, la situation de la nappe de Mnasra est également alarmante. En effet, l’exploitation intensive de la nappe de Mnasra engendre un déficit hydrique dont l’impact reste aujourd’hui encore limité, particulièrement grâce aux apports en eau des années humides et à l’importance des réserves de la nappe. Cependant elle place la nappe dans un état de grande vulnérabilité où l’augmentation incontrôlée des prélèvements et les variations climatiques qui risquent d’être défavorables dans les prochaines décennies, peuvent à tout moment rompre l’équilibre hydrodynamique de la nappe et entraîner une intrusion d’eaux salées d’origine océanique, dont les conséquences seront difficilement surmontables.
Aussi, sur le plan économique, la surexploitation des nappes est à l’origine de l’augmentation du coût de la production agricole suite au renchérissement des frais de pompage, de la disparition de certaines exploitations agricoles qui étaient jadis irriguées par les sources.